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France, Motions de 66ème congrès de la Fédération anarchiste Francophone à Besançon, les 30, 31 mai et 1er juin 2009
Vitaminons les luttes !
La Fédération anarchiste réunie à Besançon à l'occasion de son soixante-sixième congrès les 30, 31 mai et 1er juin 2009 tient a réaffirmer son engagement révolutionnaire en vue d'une rupture avec tous les systèmes fondés sur l'exploitation et la domination qu’ils soient politiques, économiques, sociaux. Nous subissons depuis plusieurs mois les conséquences d'une crise qui a accéléré les effets dévastateurs du capitalisme financier. Elle a eu pour effet d'entraîner avec elle une nouvelle et violente phase de désindustrialisation générant une accentuation de la précarisation et de la paupérisation des classes laborieuses. Il est visible qu'à l'occasion de cette "crise" les capitalistes en profitent pour se restructurer, se redéployer, et ainsi faire perdurer leur système d'oppression, éventuellement en cherchant à nous rendre acceptable l'idée d'un capitalisme vert. Il en va de la défense de leurs intérêts. Face à cette situation, le mouvement social a jusqu'à présent été atomisé à l'extrême; cependant les conflits sociaux se multiplient, prennent une tonalité de plus en plus radicale, mais la jonction des luttes ne s'opère que dans le cadre sclérosant des journées d'action étroitement contrôlées dans leur déroulement et leur calendrier par les hiérarchies des centrales syndicales institutionnalisées. Pourtant la perspective d'une action d'ampleur décisive pourrait se dessiner au regard des événements récents: grèves et actions de résistance en Guadeloupe, en Martinique ou encore sur des sites industriels comme ceux de Caterpillar à Grenoble, Continental à Clairoix et Goodyear à Amiens... Les services publics, de plus en plus menacés par la privatisation, ont connu de fortes mobilisation, que ce soit dans la santé contre la loi Bachelot, dans l'université contre les décrets Pécresse et la LRU, à la Poste, à GDF... Mais ces mouvements n'ont pas connu de développements immédiats, pas plus que les importantes journées d'action des 29 janvier et 19 mars qui demeurent sans lendemain et sans perspectives. La Fédération anarchiste estime que ces mouvements pourraient être de nature à créer les conditions d'un mouvement social d'ampleur, débouchant sur des pratiques d’action et de gestion directes significatives, telles qu'elles ont par exemple existé à Lip en 1972, en Argentine en 2002 ou au Mexique à Oaxaca en 2006. La Fédération anarchiste juge nécessaire leur généralisation et appelle ceux et celles qui y prendront part à ne pas se soumettre aux volontés des bureaucraties syndicales et politiques. Elle les invite à rejoindre ou créer des collectifs interprofessionnels afin d'oeuvrer à la convergence des luttes. Elle appelle également à ne pas céder à l'illusion d'une résolution de la situation par les urnes et à développer des pratiques alternatives et anti-autoritaires. Par ailleurs, elle engage ses militant-e-s et l'ensemble des militant-e-s libertaires à relancer les liaisons d'entreprise ou de branche dans tous les secteurs où ils sont présents. Motion contre l'enfermement Tout anarchiste est contre l'enfermement, qu'il soit carcéral, psychiatrique, sexiste, raciste, homophobe, économique ou politique. C'est pourquoi nous revendiquons l'abolition de la prison (motion du Congrès de Rouen, en 1988). Aucun enfermement n'est légitime. Par conséquent, nous refusons la distinction entre prisonnier politique et prisonnier de droit commun; ce qu'avaient fait les prisonniers en lutte des années 1980 en créant le concept de: Prisonnier Social! Tout prisonnier est politique, en raison des conditions psychologiques, sociales, ethniques, religieuses, économiques et politiques qui sont à l'origine de son enfermement. La gestion de la délinquance et de la criminalité par l'enfermement est aussi une question de choix politique. C'est un crime d'Etat! La prison doit être détruite. Elle a fait son temps. QU'ELLE CREVE! Motion sur le terrorisme d'etat I/ La Fédération Anarchiste condamne, s'oppose au terrorisme et lutte pour sa disparition. Le terrorisme utilise la terreur pour obtenir, conserver ou développer un pouvoir. (Pour rappel, le sens premier de terrorisme est « régime de terreur politique ». Ce terme date de 1794, période finale de la révolution bourgeoise française.) A l'heure où les politiciens dénoncent dans les médias une préfecture mise à sac et des patrons séquestrés par des salariés en colère, la Fédération Anarchiste dénonce les capitalisteset les Etats à leur service qui, sur tous les continents au nom de la Démocratie, font la guerre aux peuples au nom de la Liberté, imposent la dictature de leurs intérêts au nom de la lutte anti-terrorisme, mettent en place la terreur institutionnalisée. - Comment qualifier autrement que « terroristes » les Etats qui s'appuyant sur des forces militaires, paramilitaires, policières, ou dites « de sécurité » bombardent, torturent, emprisonnent, éliminent des populations civiles? - Comment qualifier autrement que « terroriste » un système économique qui au nom du profit ruine, affame, met au chômage, jette à la rue et dans une misère extrême des millions d'individus. - Comment qualifier autrement que « terroriste » des gouvernants et les entreprises qui, jouant sur les peurs, attisant le sentiment d'insécurité, profitent de ces marchés dits de protection ou de sécurité pour développer leurs marchés lucratifs de surveillance, de flicage, et la mise en place de fichiers liberticides. II/ Les forces politiques, religieuses, les individus qui utilisent les attentats, la peur et la terreur pour provoquer une réaction sécuritaire dans les populations ou mettre en place un pouvoir sont, par ces actes mêmes, prêts à toutes les répressions futures et à tous les crimes. Ils postulent de ce fait à une future oppression des peuples. Ces actes suffisent à disqualifier leur discours de libération ou d'émancipation. La Fédération Anarchiste s'oppose par nature à tout usage de la terreur à des fins politiques ou autres. III/ En revanche, la Fédération Anarchiste considère que tous les opprimés ont le droit et le devoir de résister, collectivement ou individuellement, aux injustices, aux lois iniques de l'économie capitaliste et à toute oppression. Les formes que prennent et prendront ces révoltes seront celles jugées adéquates par les victimes de ces régimes. Elles trouveront leur légitimité dans la lutte des opprimés contre les oppresseurs qui eux pratiquent déjà la violence sous toutes ses formes pour se maintenir en place. Il est donc naturel pour la Fédération anarchiste de prendre systématiquement la défense et d'être aux côtés des victimes de la violence étatique, totalitaire et/ou capitaliste. Elle restera toujours vigilante et mobilisée.
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